TransAtlantique

Publié le par Sparrow

10 janvier, mouillage de Mindelo à Sao Vicente Cette fois ca y est, tout est prêt, Seb relève l’ancre, il n’y a plus moyen de faire marche arrière. L’Atlantique nous ouvre les bras, le but de notre voyage est là, devant l’étrave, mais j’ai peur. Tous ces kilomètres d’eau, tous ces hectolitres de mer, et si jamais on s’y perdait ? Advienne que pourra, le bateau est magnifique avec le soleil qui fait reluire la carène, nous sommes prêts à engloutir l’océan, cours Seizh Avel, va chercher les limites de l’horizon ! Erwan et Sandrine, juchés sur le valeureux Millepertuis, entament cette grande aventure à nos côtés, nous partagerons ainsi bonheurs et déboires au fil de l’eau…

17 janvier, parcouru 900 milles Nos deux bateaux jumeaux filent bon train depuis 1 semaine, abattant quelques 120 milles par 24h sous génois seul dans un alizé musclé. La mer est hachée par houle croisée de Nord-Nord Est, et les lames qui s’abattent sur le pont en chamboulant tout dans l’habitacle commencent à me saper le moral, tandis que Vigo est ravie de l’avalanche de poissons volants que cela occasionne. Cette nuit, nous avons essuyé le passage d’un front froid avec des vents de 40 nœuds dans les rafales, avec pour conséquence une avarie au niveau du gouvernail. Les réparations apposées au petit matin semblent tenir bon, croisons les doigts !

19 janvier, fiançailles au milieu de l’Atlantique Nous voilà arrivés au milieu de l'Atlantique, 1050 milles d'eau derrière nous, 1050 milles d'eau devant l'étrave... Aujourd'hui, il fait magnifique, pour la première fois la mer est plate, le soleil brille de mille feux dans l'azur. La nuit a été extrêmement calme, nous avons dormi comme jamais depuis que nous avons quitté la terre.

 

Et puis, ce matin, Sébastien m'a demandé ma main et je la lui ai donnée! Nous sommes les fiancés de l'océan, après plus d’un an de bonheurs partagés, nous tenions à cristalliser notre union. Ce soir nous célébrerons l’heureux événement au champagne avec Erwan et Sandrine, nos témoins d'engagement et nos seuls voisins à des km à la ronde.

La vie est si belle !

25 janvier, parcouru 1600 milles Notre sillage s’allonge imperceptiblement dans cette mer d’huile, écrasée par un soleil de plomb. Le vent, tombé dès le lendemain de nos fiançailles, ne semble pas prêt de s’en relever. Le petit réchaud à gaz tourne à plein régime depuis que les daurades et autres thazards s’abattent sur le pont, fruits d’une généreuse pêche à la traîne. La cuisine et la pêche occupent une bonne place dans le remplissage de nos journées, outre les ablutions à l’eau salée et les longs moments d’oisiveté passés à regarder l’océan. Au coucher du soleil, lorsque la fraîcheur étend son voile de rosée, nous rapprochons les bateaux afin de prendre l’apéro côte à côte, moment de bien être partagé face à l’éternité. Le corps et l’âme commencent à prendre le rythme imposé à la carène par cette mer jamais étale. Les premiers oiseaux – des fous de Bassan – nous sont apparus ce matin, la Terre est proche.

29 janvier, dernière nuit en mer Des étoiles filantes égratignent le voile de la nuit. Les premières lueurs de la côte paraissent bien pâles sous la lune argentée, mais elles suffisent à nous envoyer une terrible décharge d’adrénaline quand nous commençons à les distinguer pour de bon. La Martinique dégage une odeur sucrée de pain d’épice qui chatouille nos narines saturées d’iode. Le soleil, qui a grignoté les fuseaux horaires dans sa course vers l’ouest, s’élève paresseusement au-dessus d’un matelas de nuages au ventre rosé… Et soudain, on la voit, elle est là, la Terre  !!! la Terre , enfin !

30 janvier, en approche de la Martinique Il y a 20 jours et 2200 milles nous quittions le Cap Vert, et ce matin la Martinique étale ses vertes collines sous un ciel changeant… Quel cadeau que d’aborder l’arc antillais par la mer, comme Christophe Colomb et tant d’autres au temps jadis, elle nous apparaît comme la terre promise. La réalité sera-t-elle à la hauteur de nos espoirs ? Nous ne tarderons plus à le savoir, mais d’abord, savourons nos retrouvailles avec la terre ferme !

 

Bilan de la traversée du Seizh Avel

Milles parcourus : 2200 (4400 km)

Durée : 20 jours

Poissons pêchés : 6

Mutineries : 89

Menaces du capitaine à l’encontre de l’équipage : 342

Vaisselle cassée : 0 (tout est en plastique)

Tasses renversées : 7

Insultes et jurons : 453

Chats passés à la baille : 0 (2 actes manqués)

Merci à vous tous qui nous avez suivis et encouragés tout au long de la traversée, si nous avons réussi, c’est en partie grâce à vous !

 Merci à Dan qui nous a menés à bon port !

Merci à Erwan et Sandrine, complices de cette grande aventure !

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